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Changement climatique : Gilles Boeuf répond à nos questions

"Si la biodiversité s’en va, l’économie mondiale ne tournera pas du tout de la même façon"

Le 04.12.2018

©Guillaume Lechat-AEAG

Gilles Boeuf, écologue et président du Conseil scientifique de l’Agence française pour la biodiversité (AFB), a répondu à nos questions sur le changement climatique et ses impacts sur le vivant. 

Vous avez, au cours de vos différents travaux en France et dans le monde, noté que la biodiversité est menacée.
La biodiversité est menacée pour différentes raisons bien identifiées, touchant à la destruction des écosystèmes, la pollution généralisée, la dissémination anarchique des espèces, la surexploitation des ressources naturelles, et enfin aux effets de ce climat qui change trop vite. D’une situation où la nature était hostile, agressive, dangereuse et menaçante pour l’humanité, nous sommes passés à une autre où elle est dégradée et détruite par l’Homme. C’est lui aujourd’hui le prédateur et la menace, non seulement pour l’environnement, mais aussi et surtout pour son propre avenir.

Quels sont les impacts du changement climatique sur le vivant ?

Le climat a toujours changé sur la Terre, et ce depuis les origines, mais aujourd’hui il change trop vite. Les températures des eaux, des sols et de l’air augmentent, les tempêtes sont plus fréquentes et plus intenses, de violentes précipitations font suite à des semaines de sécheresse aigüe, l’oxygène dissous dans les eaux diminue, l’acidité de l’océan augmente et la montée du niveau de la mer s’accentue. Il faut comprendre que si la biodiversité s’en va, l’économie mondiale ne tournera pas du tout de la même façon. On ne mange que du vivant et on ne coopère qu’avec du vivant. Prenez l’agriculture par exemple. S’il n’y a plus qu’une seule espèce, on produira moins. Car le rendement en monoculture est moins bon que si on cultive plusieurs espèces en même temps. La biodiversité est aussi le meilleur outil contre les espèces invasives. Si un pathogène attaque une culture, on sera bien content de trouver une autre souche , plus résistante. Si les espèces disparaissent massivement, comment parviendrons-nous à nourrir demain une population de 9 milliards d’individus ?

Crédit photo cours d'eau ©Guillaume Lechat-AEAG